L’endométriose et le café: ennemi ou allié ?
- Marine Ambroselli
- 9 déc. 2024
- 6 min de lecture
Cet article est basé sur près de 30 publications scientifique, dont toutes les références sont indiquées en fin de page.
Le café est une des boissons les plus consommées au monde.
C’est aussi une boisson régulièrement sujette aux controverses quant à son impact sur notre santé, et en particulier chez les femmes atteintes d’endométriose.
L’endométriose affecte environ 10% de la population, et 40% des femmes qui souffrent de douleurs pelviennes chroniques. (1)
La café est-il un allié ou un ennemi pour votre santé, dans le cadre d’une endométriose?

Pourquoi adapter son alimentation en cas d’endométriose ?
L’endométriose est une maladie caractérisée par la présence anormale de tissu utérin (ou tissu endométrial) en dehors de la cavité utérine(1). Bien que les facteurs contribuant à l’endométriose restent flous, le contexte causal semble multifactoriel et l’alimentation est un facteur clé.
Nous savons aujourd’hui que certaines mesures d’hygiène alimentaire permettent l’amélioration des symptômes, voire une régression de la maladie. (2)
Ainsi et entre autres, une supplémentation (vitamines D(3), C, A, E,(4) oméga 3/6) un régime méditerranéen (5) ou encore un régime sans gluten (6) font partie des mesures ayant montré des résultats positifs.
En ce qui concerne le café, c’est une boisson qui a été largement étudiée au cours de la dernière décennie en tant que facteur contributif potentiel.
Le café est-il un facteur de risque ou de protection dans l’endométriose?
Une étude datant de 2021 met en évidence qu'une consommation élevée de caféine (>300 mg/jour) est associée à un risque accru d'endométriose, alors qu'une consommation légère voire nulle (<100mg/jour) ne semble pas avoir d'incidence sur le risque de contracter la maladie.(7)
Pourtant, d’autres études abondent dans le sens inverse, et concluent qu'il n'existe pas de lien (13, 14) , voire qu’il y ait même une association positive entre l'endométriose et une consommation quotidienne de café. (26)
Pourquoi la conclusion des études peut-elle être si contradictoire?
L’hypothèse que le café serait un allié découle de deux éléments clé de la maladie: le stress oxydatif et le statut antioxydant des patientes atteintes d'endométriose. Des études récentes ont conclu que le stress oxydatif constitue un facteur potentiel de risque de l’endométriose (15,16,17,23), et que le statut antioxydant des patientes est inférieur à celui des femmes sans endométriose. (24) Cela suggère qu'une supplémentation en antioxydants pourrait réduire les symptômes et les dommages oxydatifs de la maladie. (25) Or, le café et notamment l’acide caféique présent dans le café est un antioxydant puissant.
Alors pourquoi pourrait-il être, à l’inverse, un facteur de risque? Nous savons que la caféine affecte les niveaux d'hormones sexuelles. L’endométriose ayant comme caractéristique un dérèglement hormonal, de nombreux scientifiques ont émis l’hypothèse que les changements liés au café pourraient conduire, ou partiellement contribuer au développement de la maladie. (7)
Quelles sont les recommandations officielles? Citons par exemple la Haute Autorité de Santé (HAS) en France qui a choisi de mettre en avant les résultats de la méta-analyse de 2014 que nous avons citée plus haut (13), et ainsi souligne qu’il n’y aurait pas de lien entre la maladie et la consommation de café.
Le café potentialise-il les symptômes de la maladie?
L’endométriose engendre notamment des douleurs et peut être cause d’infertilité.
Concernant l’infertilité, pourquoi le café serait-il un facteur de risque? Nous savons aujourd’hui que le café peut être associé à un risque plus élevé de fausse couche (8) . Son action peut-elle également impacter les fonctions de reproduction? S’il existe de nombreuses études sur le sujet, les résultats des recherches actuellement disponibles montrent des conclusions contradictoires, notamment dans le cas d’une consommation modérée à élevée de caféine (>168 -233mg/J)(8). La consommation d’un café par jour semble cependant être dans l’ensemble des études revues ne pas impliquer de risque d’infertilité (environ 100mg par jour, jusqu’à 165 mg / J).) (8)
Pour faire le lien entre les douleurs liées à l’endométriose et le café, nous avons étudié les études mettant en scène le syndrome prémenstruel. Certaines recherches ont démontré que la nutrition peut jouer un rôle important dans le développement d’un SPM (syndrome prémenstruel) (9, 10). Est ce le cas spécifiquement pour le café? Ici encore, les résultats sont contradictoires. Une étude de 2016 montre en effet qu’il n’y aurait pas d’impact du café sur les SPM, pourtant d’autres études allant dans le sens inverse ont appuyé la décision d’organismes officiels de santé de recommander la suppression totale du café en cas de SPM. C’est ainsi le cas aujourd’hui dans le manuel MSD. (12)
Mes conseils
Alors, qu’en conclure pour ma consommation quotidienne?
Des études supplémentaires seront nécessaires à la validation de l’impact du café sur la maladie. Les recherches actuelles ne permettent ainsi pas d’apporter une conclusion satisfaisante sur la consommation quotidienne de café.
Par principe de précaution, nous vous conseillons de limiter votre consommation de café à une tasse par jour, et de le supprimer totalement en cas de fortes douleurs. Nous conseillons également de prendre son café en dehors des repas (2h après).
Pour faire le lien avec cet article, notez qu’un expresso (60ml) contient environ 80 mg de caféine, quand un café filtre (200ml) en contient environ 90 mg et une tasse de café noir (220 ml), 70 mg. (28)
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